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RETOUR SUR LA RENCONTRE
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INVENTER L'ASSO. DE DEMAIN
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& Relever les défis de la société d’aujourd’hui
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Jeudi 29 mars 2018 |
14h à 17h | Auditorium du CNOSF | Paris 13ème
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Faire face aux urgences et aux défis sociétaux de demain est désormais l’affaire de tous, acteurs publics, privés, à but lucratif ou non. Si le faire ensemble est une nécessité, relever ces défis invite aussi les associations, les fédérations et les entreprises à réinventer leur modèle socio-économique, leur gouvernance et à faire la preuve de leur utilité sociale, tout en restant fidèles à leur raison d’être et à leur projet.
C’est pour ouvrir le débat et croiser les regards sur ces questions que l’UCPA, un des plus grands groupes associatifs reconnu d’utilité sociale en France et aussi une entreprise, forte de 12500 collaborateurs et présente sur les marchés concurrentiels, a organisé cette rencontre.
Près de 150 personnes ont participé, responsables RSE d’entreprises, acteurs de la banque, du sport, de le jeunesse, de l’éducation, enseignants-chercheurs, entrepreneurs sociaux, salariés ou administrateurs d’associations. La diversité du public a prouvé à quel point la question de l’entrepreneuriat de bien commun rassemble et dépasse les frontières classiques.
Vous trouverez ci-dessous, en synthèse, les moments clés et les idées forces de cette demi-journée.
Alain Christnacht, Président de l’UCPA |
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Consulter le Rapport annuel 2017 du groupe associatif UCPA
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INTRODUCTION |
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Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale a marqué les esprits avec cette vidéo, enregistrée pour l’occasion, dans laquelle il pose avec beaucoup de clarté les bases du débat sur l’association d’aujourd’hui et de demain.
“Les évolutions de notre société nous posent des questions auxquelles le modèle associatif permet d’apporter certaines réponses. D’abord parce que c’est un modèle d’engagement, et c’est un besoin plus fort aujourd’hui qu’hier, ensuite parce qu’il invite à se rassembler autour d’objectifs communs et là aussi le besoin de sens, le besoin d’action collective est aujourd’hui plus fort notamment dans la jeunesse. Enfin, notre économie, notre organisation de la société supposent de la créativité, des organisations originales et le modèle associatif offre cette possibilité. Il y a à n’en pas douter une modernité du modèle associatif, et il est utile de réfléchir aux formes que cela peut prendre dans les temps à venir.”
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Voir la video de Jean-Michel Blanquer
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TABLE RONDE 1
CONCILIER PERFORMANCE ÉCONOMIQUE ET CONTRIBUTION AU BIEN COMMUN
LES NOUVEAUX MODÈLES SOCIO-ÉCONOMIQUES ASSOCIATIFS |
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BERNARD BAZILLON, Associé, responsable du secteur Économie Sociale et Solidaire KPMG France
ÉRIC PLIEZ, Directeur de l’association Aurore et Président du Samu Social de Paris
BÉNÉDICTE HALBA, Docteure en économie, Présidente fondatrice de l’IRIV, membre du comité scientifique de “Sport et citoyenneté”
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Bernard Bazillon en préambule a souligné la différence entre les associations qui n’ont pas d’activités économiques et celles qui en ont. Il considère que ces dernières, qui sont majoritaires, devraient s’inspirer d’un modèle plus entrepreneurial, davantage pérenne sur le plan économique, et c’est ce qui est inscrit dans la loi Hamon avec le label ESUS. Ce modèle permet à la fois d’exercer une activité d’utilité sociale et de lever des capitaux. Mais pour réussir à les lever, la priorité selon lui c’est de démontrer aux acteurs de la finance que la gestion responsable est elle aussi rentable.
Bénédicte Halba, quant à elle, a insisté sur la nécessité de clarifier les statuts des différentes personnes qui interviennent au sein des associations, entre bénévoles, salariés et intervenants sous le statut d’auto-entrepreneur. La question de l’évaluation des frais de personnel se pose régulièrement, notamment dans le cadre des projets européens, et il lui semble indispensable d’aller vers davantage de souplesse en matière de contrats de travail au sein des associations.
Eric Pliez, après avoir rappelé son attachement à l’association et à ses fondamentaux, a ajouté qu’aujourd’hui l’enjeu principal qui se pose à elles c’est avant tout de se décloisonner vis-à-vis des autres professionnels, des autres acteurs économiques et par rapport à la société civile. Il a cité l’expérience des Grands Voisins qui grâce à la décision prise avec l’APHP a permis de faire du site de l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul non pas un ghetto de pauvres mais un lieu ouvert à tous, sur la ville et qui compte également 250 entrepreneurs. La première année est un succès, et chaque acteur, avec une redevance bien inférieure au prix du marché, a contribué à un modèle économique et social qui a vécu sans subventions complémentaires. C’est avant tout, selon lui, ce type d’expériences et de modèles hybrides qu’il faudrait voir se démultiplier. |
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RETOUR SUR LE RAPPORT
L’ENTREPRISE OBJET D’INTÉRÊT COLLECTIF |
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JEAN-BAPTISTE BARFETY, Rapporteur de la mission Notat-Sénard “Entreprise et intérêt général”
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Ecouter l’intervention de Jean-Baptiste Barfety
Consulter le rapport “L’entreprise objet d’intérêt collectif”
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TABLE RONDE 2
ÉVALUATION DE L’UTILITÉ SOCIALE
AVANCÉES, RECHERCHES EN COURS
ET RETOURS D’EXPÉRIENCES
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ELENA LASIDA, Docteure en économie et en théologie, ICP
BENJAMIN COIGNET, , Docteur en sciences du sport-sociologie, Université de Franche-Comté
GILLES VERMOT DESROCHES, Directeur du développement durable de Schneider Electric et Vice-président du Global Compact France
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A propos de la recherche-action qu’elle a dirigée pour l’UCPA, Elena Lasida a d’abord souligné qu’elle se différencie d’une évaluation d’impact qui rapidement se concentre sur les effets et les résultats. Ce qui fait l’originalité de ce travail, c’est qu’il s’est intéressé à l’identité de l’association, à l’expérience qu’elle propose et à la manière dont elle contribue ainsi à faire société. Au centre du modèle social de l’UCPA, il y a la sociabilité nomade, cette relation particulière qui se crée par le sport, ces liens qui ne sont pas nécessairement durables mais qui contribuent à faire évoluer et à créer des représentations communes du monde, et ce quelle que soit l’origine sociale de chacun. Et c’est plus intéressant que la seule accessibilité des publics fragiles à la pratique sportive.
Gilles Vermot-Desroches, qui a été entendu dans le cadre du rapport Notat-Sénard, a d’abord indiqué, que selon lui il eut été plus intéressant sur cette question du bien commun de s’intéresser à tous les statuts et pas seulement aux entreprises, et notamment aux associations et aux acteurs de l’ESS. Puis il a présenté le baromètre “Planète et société” dont Schneider Electric s’est doté à l’échelle mondiale. Ce baromètre compte 21 objectifs, il est partagé avec tous les collaborateurs et le Président communique chaque année ses résultats en même temps que les résultats financiers. Autre approche intéressante, celle des investisseurs responsables qui suivent le degré de cohérence existant entre le comportement citoyen des grands groupes et l’impact sociétal de leurs solutions et produits. Gilles Vermot-Desroches a conclu en ajoutant que l’engagement dans les enjeux environnementaux et sociétaux est aussi un formidable moyen d’attirer des jeunes talents qui sont attente de cohérence entre leurs valeurs et les actes de l’entreprise qu’ils rejoignent.
Benjamin Coignet, dans le cadre de sa thèse “L'innovation sociale et les organisations sportives associatives : le cas des clubs sportifs dans les quartiers populaires” publiée en 2015, a travaillé une autre approche, plus micro et territoriale. Il s’est intéressé à des clubs sportifs locaux, implantés dans une vingtaine de quartiers sensibles, et avec eux à la question : ce que vous proposez, les actions que vous menées sont elles en phase avec les besoins de votre territoire ? Sur la base de ce questionnement, chaque club a réfléchi à comment il pouvait devenir plus utile à son territoire et durant deux-trois ans a inventé, expérimenté, monté des actions le plus souvent en partenariat avec d’autres. C’est ainsi qu’un club de foot a proposé aussi des cours de fitness, un autre club a mis en place de l’accompagnement scolaire… Réfléchir à son utilité sociale est aussi, selon lui, un excellent moyen pour passer à l’action. |
Consulter le guide méthodologique, version abrégée, “Evaluer l’utilité sociale”
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TABLE RONDE 3
VERS UN CADRE JURIDIQUE ET UNE GOUVERNANCE RÉINVENTÉS
DES ORGANISATIONS D’UTILITÉ SOCIALE |
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BERNARD AMSALEM, Vice-président du CNOSF
GENEVIÈVE FERONE-CREUZET, Co-fondatrice de Prophil
JÉRÔME SADDIER, Président de l’Avise, Directeur général de la Mutuelle Nationale Territoriale
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Le statut fait-il vertu ? Geneviève Ferone-Creuzet observe que dans ce monde en transformation rapide, les entreprises de l’économie sociale et solidaire se reposent la question du sens de l’intérêt général et du “à quoi sert-on ?”. De son côté, le capitalisme pointe le risque de ne résumer l’entreprise classique qu’à travers son but de faire du profit. L’étude internationale réalisée par Prophil sur “les entreprises à mission” a permis de révéler une forme de convergence des modèles observés, qu’ils soient « non profit » ou « full profit », vers la recherche d’un impact positif. En termes de statut juridique, si le secteur non profit requestionne son modèle de gouvernance pour plus d’indépendance et favoriser l’émergence d’idées neuves, l’enjeu pour le secteur full profit est d’engager fortement la gouvernance actionnariale en matière de RSE, or, le sujet est encore souvent absent des réflexions stratégiques des entreprises.
On peut néanmoins observer qu’une porosité entre les mondes lucratif et non lucratif est désormais engagée. En France, la Loi ESS de 2014 et l’agrément ESUS favorise l’émergence de sociétés commerciales au sein de l’économie sociale. Par ailleurs, l’émergence des Benefit corportation (ou « B-Corp »), en France comme à l’international, labellise les entreprises commerciales engagées pour le bien commun dans le but de les préserver de décisions ou d’opérations maximisant les seuls intérêts des actionnaires et contribue à alimenter les débats sur le statut des « entreprises à mission » dans le cadre de la loi Pacte.
Jérôme Saddier constate de son côté que la porosité entre les mondes lucratif et non lucratif est encore timide à ce stade. Si la loi ESS l’encourage, elle est encore peu observée dans les faits et les modèles de collaboration peu mis en valeur. Par ailleurs, la question de la gouvernance demeure fondamentale quand il s’agit de faire communiquer les deux mondes. En effet, si les enjeux de RSE restent à la porte des conseils d’administration et si les parties prenantes ne sont pas correctement représentées au sein de la gouvernance, à quoi espère-t-on aboutir lors des débats sur partage de la valeur créée par l’entreprise ?
Les entreprises qui se définissent d’utilité sociale ne sont pas nécessairement exemplaires en la matière. Dans certaines mutuelles, le fait que l’on ne parle jamais au sein de la gouvernance de son utilité sociale et que les indicateurs de pilotage de cette valeur demeurent inexistants suffit à l’illustrer. Aussi, il faut se réinterroger sur le modèle de démocratie représentative au risque de perdre de vue la mission d’utilité sociale de l’organisation et revendiquer davantage les spécificités des gouvernances au sein de l’ESS.
Bernard Amsalem prend la parole et rappelle que dans les fédérations sportives, on pratique de l’utilité sociale sans le savoir ! Avec 17 millions de licenciés et 117 fédérations en France, les clubs sportifs animent les territoires, font vivre l’engagement citoyen, constituent une économie et contribuent au bien-être physique avec le développement du « sport-santé » dans plusieurs filières. Il est aussi probablement l’un des derniers lieux qui permette de vivre la mixité sociale et constitue à ce titre une sorte de « dernier rempart de la République ».
Mandaté par le Conseil national du sport, Bernard Amsalem a remis un rapport recommandant une évolution du statut associatif des fédérations vers les statuts de Société Coopérative d’Intérêt Collectif - SCIC – afin de pouvoir associer dans la gouvernance les partenaires financiers des fédérations : les collectivités territoriales en premier lieu mais aussi les partenaires privés tels que les sponsors quand les fédérations ont la chance d’en avoir. Cette évolution des statuts permettrait aussi d’aller vers des modèles économiques plus entrepreneuriaux tout en restant fidèles aux valeurs de solidarité qui animent le secteur. Se pose aussi la question du statut du dirigeant sportif afin d’attirer les jeunes. Les freins au changement appellent à la pédagogie. Si comme l’a dit Muhammad Yunus, « les JO de 2024 seront aussi les jeux de l’économie sociale », il faut espérer que ces propositions aient une bonne chance d’aboutir.
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CONCLUSION |
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CHRISTOPHE ITIER, Haut-commissaire à l’Économie Sociale et Solidaire et à l’Innovation Sociale auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire
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Ecouter la conclusion de Christophe Itier
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